Il existe une association, qui existe et agit dans l’ombre, une Association, avec un grand A, qui maintient l’équilibre entre les normaux (nous autres pauvres humains) et les anormaux (comprenez les vampires, les loups-garous, les trolls et toutes ces sortes de créatures) ; en utilisant les paranormaux : ces humains dotés de capacités hors normes.
Ils sont deux, deux héros aux pouvoirs paranormaux : Jasper et Ombe, tous deux stagiaires et membres de cette Association ; et ils sont deux, deux auteurs : Erik L’Homme et Pierre Bottero, à s’être partagés cette aventure et ces héros. Une aventure que j’ai adorée lire et dont j’ai dévoré les huit tomes en à peine une semaine.
Cette écriture conjointe alterne ainsi les écritures et les héros : les tomes 1 et 3 sont écrits par Erik L’Homme et mettent en scène Jasper, tandis que les 2 et 4 sont de la plume de Pierre Bottero et mettent en scène le personnage d’Ombe. Pour les 4 derniers tomes, suite au décès malheureux de Pierre Bottero, c’est son compère, qui continuera et terminera l’histoire principalement aux commandes de Jasper.
Cette reprise s’effectue d’une façon un peu surprenante d’ailleurs, mais reste satisfaisante : en effet je me serais plutôt attendu à ce que L’homme reprenne les rênes de l’histoire d’Ombe à la place Bottero, mais il n’en est rien, et les derniers tomes sont alors tous centrés sur Jasper.
Par contre la série, qui devait compter 13 tomes initialement, n’en compte alors plus que 8.
Il existe 9 Règles(1) à l’attention de tous les agents de terrain de cette Association :
- L’anormal et le normal n’existent pas.
- L’Association n’existe pas non plus.
- Elle n’emploie pas d’Agents.
- L’Agent a au moins 15 ans.
- L’Agent garde secrète la nature de son travail.
- L’Agent ne révèle jamais ses talents particuliers.
- L’Agent doit se conformer strictement à sa mission.
- L’aide à un Agent en danger prime sur la mission.
- L’odeur de soufre annule la mission.
Comme la deuxième règle de l’Association, assure de sa non-existence, il ne me reste plus qu’à présenter les deux héros agents stagiaires de la branche parisienne, pour vous donner envie de lire cette histoire.
De toute façon ce sont ces deux personnages, Ombe et Jasper, qui donnent tout son sel à cette lecture.
Tout d’abord Jasper(2), c’est un lycéen, ben oui quand on travaille pour l’Association et qu’on a quinze ans, on est quand même obligé d’aller à l’école ; et c’est surtout un petit génie de la magie, qui remplit ses missions à coup de sortilèges, de blagues et de jeux de mots foireux. Heureusement pour lui, sa magie est plus efficace sur les monstres, que son humour, qui aurait tendance à tomber plutôt à plat.
C’est un peu l’archétype du geek : grand, maigre, blanc comme un cachet d’aspirine et en plus il semble n’être doté que d’une garde-robe noire. Ajouter à cela que c’est un adepte des jeux de rôle, qu’il joue de la cornemuse dans un groupe de rock médiéval nommé Alamanyar(3), et surtout qu’il parle couramment Quenya(4), et vous aurez une bonne idée du personnage.
De son côté Ombe, c’est un peu l’inverse, les monstres, elle s’en occupe plutôt à coup de poings, de pieds et éventuellement de tête, quand ils sont un peu plus coriace.
Québécoise, sportive, blonde aux yeux bleus, elle tape fort, très fort, et a en plus la particularité d’être quasiment invisible : coups, froid, feu, elle ne connait pas.
Cette antithèse de Jasper, est par contre dépourvu du sens de l’humour ravageur de Jasper, et même si elle est très douée en langues vivantes, les langues mortes et la magie, lui échappe (les deux étant bien-sûr liés).
Leur seul point commun réside en fait dans leur façon d’accomplir leurs missions, qui se finissent alors généralement de façon catastrophique, pour ce qui est de la discrétion et des dégâts collatéraux. Résultat les débriefings se terminent généralement avec une engueulade dans le bureau de Walter, le directeur de la branche parisienne de l’Association ; mais bon ça n’a pas l’air de les traumatiser outre mesure.
Beaucoup d’humour, un style, ou plutôt deux styles très agréables et légers, et vous obtenez une série, qui se dévore avec plaisir. Sans être révolutionnaire, on se laisse rapidement prendre par l’intrigue.
Et on s’attache aussi très vite aux héros, ainsi qu’à tout ce petit monde, qui gravite autour :
- De Walter, le directeur l’Association, adeptes des costumes et cravates ridicules,
- à Mademoiselle Rose, la n°2 de la branche parisienne de l’Association, en vieille secrétaire acariâtre,
- en passant par Erglug, l’ « ami »(5) troll de Jasper, en un troll philosophe !!!
On a de quoi faire.
Connaissant les autres livres de ces deux auteurs, je ne peux m’empêcher par contre de faire un rapprochement entre Guillemot, le héros du cycle du Livre des Étoiles d’Erik L’Homme, et Jasper ; et entre une combinaison d’Ewilan, d’Ellana et de Siam des cycles d’Ewilan de Pierre Bottero, et Ombe.
J’ai été très heureux en tout cas de découvrir ce cycle il y a quelques mois, et de pouvoir donc relire du Bottero.
Je sais je sais, j’ai au minimum deux ans de retard, puisque ce cycle s’est fini en 2012, mais ce n’est pas grave, l’important c’est que je sois tombé dedans !
(1) : version en Quenya pour les diplômés ès Lettres Elfiques.
(2) : je sais, normalement c’est les femmes d’abord, mais vu que c’est Jasper, qui ouvre le bal avec le premier tome, cela me parait plus naturel.
(3) : Alamanyar, c’est l’histoire d’une tribu d’elfes partie un jour d’on ne sait où et qui ne sont jamais arrivés nulle part.
(4) : Pour les ignares, le Quenya est une des langues elfiques inventée par J.R.R Tolkien, et qui est attribuée aux Noldo.
(5) : Et bien déjà il n’a pas mangé Jasper, et puis sa sœur à un petit faible pour le héros …
Tout à fait mieux vaut tard que jamais !
Et c’est de ta faute en plus 🙂