J’étais un peu sceptique avant de commencer la série Elementary en septembre dernier : la tentative de Watson féminine me semblait risquée et j’avais toujours l’image de Jonny Lee Miller dans Hackers, qui apparaissait en surimpression pendant le pilote.
La troisième saison de la version de la BBC se faisant vraiment trop attendre, j’ai donc tenté cette nouvelle expérience Sherlock Holmes.
Par rapport à la série anglaise, cette fois, il n’y a pas de reprise des enquêtes du Canon, ni de l’univers londonien vu que l’on se retrouve à New York, en fait seuls les noms des personnages font le lien avec le détective mythique. On retrouve néanmoins de nombreuses références aux enquêtes originales semées tout au long des 24 épisodes.
Miller campe ici un détective aux talents d’observation et de déduction impressionnant, mais ancien alcoolique, névrosé, cynique et impulsif, notamment lors de ses « retrouvailles » avec Moran(1), où il pète carrément un câble (expression certes familière mais au combien adaptée à la situation). Autant les qualificatifs de névrosé et cynique conviennent parfaitement au personnage, autant celui d’impulsif lui sied assez mal :
Pour reprendre une citation de l’autre série, quand un détective de Scotland Yard traite Holmes de « notre psychopathe préféré », il lui répond « je ne suis pas un psychopathe ! J’ai des tendances sociopathes, faîtes vos recherches !« , et c’est on ne peut plus vrai.
Holmes abandonne aussi les drogues au profit de la boisson, enfin ça c’était avant vu qu’il est maintenant en période sevrage, mais ce n’est pas spécialement gênant : je conçois assez mal qu’à notre époque, la police accepte un consultant qu’elle sait consommateur de drogue, déjà qu’elle doit s’accommoder de ses quelques écart avec la loi …
Lucy Liu de son côté joue une ex-chirurgienne, Joan Watson, qui a quitté la profession suite à une erreur médicale et qui se consacre maintenant à l’aide aux anciens alcooliques. Elle débarque ainsi dans la vie de Holmes comme sa compagne de sevrage, son chaperon. Un travail qui ne sera pas facile, car si Holmes semble avoir renoncé définitivement à la boisson, il faut quand même le supporter et arrondir les angles avec le NYPD, quand il dérape.
Watson a ce petit côté paternaliste (ou « maternaliste ») qu’on retrouve dans les romans, mais là où celui de Conan Doyle restait en retrait au niveau de la résolution des enquêtes, ne servant finalement que d’exécutant presque au même titre que les Irréguliers de Baker Street ; Lucy Liu va prendre de plus en plus part à celles-ci. Au point même de s’approcher du niveau des déductions du détective, elle devient même le personnage principal des épisodes centraux de la saison, ce qui est assez étrange.
Pour épisodes, ceux-ci sont assez inégaux, j’ai beaucoup aimé celui de la double enquête du meurtre dans le métro, mais d’autres ont plus de mal à passer. Sans être une énième version d’une série de détective comme savent en faire les américains, cette série m’a un petit peu déçu. Mais si vous en avez assez d’attendre les prochains épisodes de la série anglaise ou si celle-ci est trop proche des histoires originales pour vous surprendre, ce qui est mon cas, essayez ce nouvel Holmes, celui-ci a au moins réussi à me surprendre sur sa fin de saison , je ne pourrais pas en dire autant pour l’autre série.

Les deux acteurs principaux au théâtre dans le Frankenstein de Danny Boyle
Pour moi la gagnante de ces deux séries est donc celle de Moffat, même si aucune de ces deux séries n’est parfaite. De son côté Benedict Cumberbatch a déclaré en parlant d’Elementary : »I’ve seen and it’s absolutely fantastic … It’s really good, you should all watch it« , je crois que ça se passe de traduction, mais il faudra que je vérifie la source de plus près. Après les deux acteurs se connaissant parfaitement, vu qui ont joué dans la même pièce de théâtre : le Frankenstein de Danny Boyle, où ils jouaient tour à tour les rôles de la créature et du docteur, ce n’est peut-être qu’un échange de bons procédés …
(1) : Moran ou plutôt le Colonel Moran est le premier lieutenant de Moriarty, il apparaît dans la nouvelle la Maison Vide, qui se passe juste 3 ans après l’épisode des chutes de Reichenbach. Il s’est donné pour mission d’assassiner Sherlock Holmes pour venger la mort de son chef.
A voir…