Cela faisait deux années et demie depuis la sortie du dernier tome de Yoko Tsuno, et je dois avouer que compte tenu de l’âge de l’auteur(1) je n’espérais plus d’album supplémentaire. Et bien non, Roger Leloup semble avoir encore du répondant.
Une fois de plus, c’est à la dernière minute semaine, que je me suis rendu compte de cette parution, ce qui est d’autant plus énervant, que ce sont des mails marketing, qui ont fait office d’aide-mémoire ; l’avantage c’est que je n’ai alors eu à patienter qu’une semaine avant la parution 😉
Sans surprise avec un titre pareil, c’est un album mettant en scène une aventure spatiale et vinéenne. Mais cette fois on ne quitte ni la galaxie, ni même le système solaire, puisque Yoko va se rendre sur Mars pour contrecarrer le plan diabolique de feu Karpan(2), qui visent cette fois à anéantir toutes formes de vie à la surface de la Terre, ce qui inclue bien sûr notre espèce.
Quand la nuit s’endort sur l’Écosse, les fantômes s’y réveillent …
Et si ce n’est pas les fantômes c’est un drone vinéen, qui attaque Yoko dès le début de l’histoire et fini au fond du Loch suite à la riposte d’Émilia. Apparaît alors Khâny(3), qui lui annonce le nouveau péril auquel la Terre est confrontée :
Une vinéenne porteuse des connaissances nécessaire à réactiver un ancien projet vinéen, le projet Purification, a disparu. Et malheureusement ce projet n’a pas vocation à purifier l’atmosphère terrestre, mais plutôt à y supprimer tous germes et microbes, ce qui serait un peu fâcheux pour nous du fait de notre relation symbiotique avec certains d’entre eux.
Cette arme est cachée sur Mars, et c’est justement là-bas que semble avoir disparu sur cette vinéenne. Pour éviter la catastrophe Yoko va donc accompagner sans hésiter son amie vinéenne sur la planète rouge, sans se douter que Khâny lui cache en fait un autre secret tout aussi sinistre …
Voilà pour cette rapide présentation du scénario, dont l’histoire, si elle est intéressante, peine vraiment à prendre forme ; la faute au format de la bande dessinée sur 48 pages, qui n’aborde que trop rapidement l’histoire. C’est un dommage, surtout que la partie éthique du complot aurait gagné à être bien plus fouillé, et aurait donné un côté plus adulte à cet album.
Dommage aussi que depuis quelques albums, Roger Leloup ne cesse d’ajouter de nouveaux membres au trio de l’étrange(4). Autant l’ajout de Rosée du Matin, en fille adoptive de Yoko, apparue au tome 16 – Le Dragon de Hong Kong, avait rajouté un peu de fraîcheur chinoise ; autant ceux d’Émilia (Le Septième Code – 24), d’Angela (La servante de Lucifer – 25) et de Bonnie (Le maléfice de l’améthyste – 26) sont pour moi de trop. J’aurai préféré, qu’elles soient un peu plus discrètes, comme Mieke en somme, qui depuis son apparition dans le tome 20 (L’astrologue de Bruges), n’a eu au final qu’assez peu de cases.
Résultat j’ai été déçu, et malheureusement cette fois la technique rigoureuse de l’auteur n’a pas racheté l’ensemble. En effet les dessins se sont beaucoup simplifiés tant au niveau des personnages que des décors et des machines.
C’est simple, parfois on ne reconnait qu’à grand peine les personnages, notamment à cause de placements des yeux plutôt hasardeux ; et on note parfois même des erreurs de perspectives auxquels ne nous avait pas habitués l’auteur (voir ici par exemple). Attention les dessins ne sont pas tous loupés, mais comparait à l’Astrologue de Bruges, il y a un peu plus d’une vingtaine d’années, on note quand même une régression.
Pour finir sur cette déception, j’ai l’impression que ce tome ne prendra son sens que dans le fait qu’il complétera le volume 9 des intégrales, dont il manquait un troisième tome.
Dommage, dommage donc, surtout que Roger Leloup semble toujours capable de réaliser de magnifiques œuvres, comme cette esquisse tirée de la couverture de l’album (à voir ici dans la version complète, qui sert de couverture à la version grand format de la BD).
On est de toute façon sévère qu’avec que les choses que l’on apprécie.
(1) : Roger Leloup vient d’atteindre les 81 années, quand même c’est peut être repoussé un peu loin l’âge de la retraite …
J’ai survolé les derniers tomes, j’avais un peu de mal à accrocher (d’autant plus qu’il y avait toutes ces pièces rapportées). Mais je garde un tellement bon souvenir de la série que j’aimerais bien les avoir dans la bibliothèque, au moins jusqu’au tome 20 (qui est je crois le premier que j’ai lu, faut pas chercher à comprendre xD)
Pour moi c’est à partir du tome 21, que ça se dégrade un peu au niveau du scénario, j’avais trouvé d’ailleurs la Porte des âmes (T21) particulièrement fouilli.
Mais bon ça laisse quand même vingt tomes de très bonne qualité.
[…] a dégainé sa chronique de Yoko Tsuno – Le Secret de Khâny de Roger Leloup un peu trop tôt pour entrer dans le challenge mais ce n’est pas une raison […]
Je pense que Leloup a très bien compris que l’inflation de sa biosphère de personnages est une entrave à la solidité de ses intrigues. Il a eu besoin de temps, mais voir certains personnages écartés de l’aventure dès son début sous des prétextes variés témoigne bel et bien d’une intention.
Pour le reste, je ne me prononce pas, le style d’un auteur évolue toujours et pour être tout à fait honnête, il faudrait comparer les traits de Yoko d’album en album pour se rendre compte qu’elle change à chaque fois. Mais bon… peut-être son auteur gagnerait-il à travailler en atelier ? Après tout, c’est bien ce qu’il faisait quand il travaillait avec Hergé 🙂
Je ne suis pas sûr que le nombre de personnages joue réellement sur la qualité de l’intrigue, par contre c’est sûr que compte tenu du faible nombre de pages, il devient bien plus difficile de bien développer quelque chose, et pas seulement une l’histoire. Plus de choses, un nombre de pages fixes, moins de pages pour les développer.
C’est un peu ce que je lui reprochais dans mon dernier post sur le maléfice de l’améthyste, les six premières planches étaient de trop, surtout qu’elles ne font pas non plus avancer l’histoire.
C’est un peu comme la première partie de cet album, il écarte rapidement ces personnages, mais il y perd quand même quelques planches, piégé par la diversité humaine de son propre univers comme tu le dis.
Côté changement de style, je ne pense pas que ce soit réellement le cas, ou alors c’est qu’il a gardé son ancien style pour ces couvertures.
Et pour ce qui est de son retour en atelier, à 81 ans, c’est un peu dur : qu’il profite un peu de sa retraite, et ne continue à dessiner que pour le plaisir ou le notre 🙂
Ah, je me suis mal exprimé : je ne veux pas qu’il retourne en atelier, je pense qu’il gagnerait à en constituer un autour de lui, pour le décharger de certaines tâches de dessin…
[…] : Yoko Tsuno – Le Secret de Khâny de de Roger Leloup, Le château des étoiles T2 d’Alex […]
[…] : Yoko Tsuno – Le Secret de Khâny de de Roger Leloup, Le château des étoiles T2 d’Alex Alice, Celui qui attend et autres […]
Lu hier : je te rejoins complètement sur ton avis !
Le dessin a clairement perdu (j’ai même pris Mieke pour Ingrid quand elle apparaît ! ^^ » (j’étais contente, ça faisait si longtemps qu’on ne l’avait pas vu… dans le même temps je me demandais ce qu’elle fichais là)
Je pense que Roger Leloup aurait pu s’épargner les pages où l’on voit Angela et Bonnie pour les écarter, puisque j’avais déjà oublié qui c’était et d’où elles sortaient >_<
Bref, une grosse déception, encore…
Lu seulment hier, mais c’est affreux 🙂 Comment as-tu pu passé à côté … Même si vu la qualité du dessin ce n’est pas si grave.
Enfin j’ai été obligé de ressortir le tome, pour vérifier si effectivement Mieke a bien un petit air de famille avec Ingrid, et il faut bien reconnaître que c’est un peu le cas, c’est sûrement la coiffure à la princesse Leia avant l’heure (cf. L’orgue du diable).
Je l’ai emprunté à la bibli, c’est pour ça (le temps qu’il soit acheté puis disponible) ^^